Energies marines renouvelables

Une politique volontariste et de nombreux projets

Pour répondre à ses engagements européens en matière d’énergie renouvelable, la France s’est fixée pour objectif de développer les énergies marines renouvelables (EMR) sur ses côtes. Outre les éoliennes en mer qui en sont au stade commercial, les autres formes d’EMR (hydroliennes, houlomoteur, énergie thermique des mers…) sont encore en cours de développement technologique.

Le Gouvernement a pris récemment plusieurs mesures pour accélérer le déploiement des EMR : publication d’une Programmation pluriannuelle de l’énergie réhaussant les ambitions françaises, appels d’offres pour le développement de l’éolien en mer, débats publics, appels à manifestation d’intérêt pour la mise en place de démonstrateurs et de fermes pilotes pour les autres types d’EMR, etc.

A ce jour, les projets d’EMR sur les côtes françaises sont très nombreux, tant en métropole qu’en Outre-mer. Les zones de développement des installations, ainsi que celles de passage des câbles de raccordement au réseau national, et plus largement des câbles d’interconnexion des réseaux à l’échelle européenne, coïncident inévitablement avec les zones d’activité traditionnelle de la pêche professionnelle. A ce jour, une quinzaine de parcs éoliens sont développés pour une production d’environ 10 GW.

 

Source : Eoliennesenmer

Bien que leurs activités s’en trouvent impactées, les pêcheurs sont néanmoins conscients des enjeux de développement des énergies alternatives pour la France et du potentiel disponible en mer. Ils ne veulent pas être écartés de ces développements et préfèrent en être acteurs plutôt que de les subir. L’acceptabilité se mesure cependant à plusieurs conditions.

 

Maintenir les activités de pêche au sein des parcs éoliens

Dans la mesure où le milieu marin accueille le développement d’un nombre toujours plus important d’activités humaines, tout en étant soumis à de multiples pressions qui remettent en cause son bon état de fonctionnement, la pêche professionnelle a été parmi les premiers à mettre en avant la nécessité d’une planification de l’espace maritime et plus récemment de l’éolien en mer, et ce sur le long terme afin d’offrir une meilleure visibilité à l’ensemble des acteurs.

La pêche professionnelle souhaite pouvoir continuer à contribuer au quotidien à l’approvisionnement en produits de la mer, pour cela elle demande le maintien de ses activités dans les parcs d’EMR.

Le déploiement des EMR présente des contraintes pour les activités de pêche, en termes de perte de zones de pêche (dans le cas où la cohabitation entre activités ne serait pas possible) et de sécurité en mer. 80% de la flottille française se déployant en majeure partie dans les 12 milles nautiques (zone la plus productive), un report sur d’autres zones ou d’autres pêcheries occasionne plusieurs difficultés : concentration de l’activité dans certaines zones, augmentation des coûts en carburant, problème de disponibilité des quotas, adaptation des engins de pêche, etc.

D’autre part, l’implantation des EMR et des ouvrages connexes (câbles de raccordements, unités de stockage) présente des conséquences sur la ressource halieutique et l’environnement marin (modification et dégradation d’habitat, perturbation des cycles biologiques des espèces, gêne due aux bruits, champs électromagnétiques et vibrations, rejets dans le milieu liés à la maintenance et l’entretien des parcs éoliens, etc). La pêche professionnelle compte sur des premiers retours d’expérience des parcs éoliens en France pour compléter ces connaissances et s’assurer de la compatibilité entre les activités de pêche et les EMR.

 

Co-construire les projets avec la pêche professionnelle

La pêche professionnelle exprime une volonté forte d’être associée aux projets éoliens grâce à une co-construction des projets via une approche concertée et partagée avec la profession ainsi qu’une prise en compte de ses intérêts à tous les stades d’un projet (de leur planification à leur démantèlement). Cette co-construction peut par exemple se traduire par l’association des pêcheurs concernés au choix de la zone et des modalités d’implantation, aux études préliminaires et aux suivis, au choix des aménagements envisagés, à la définition des règles de cohabitation, etc.

Cette collaboration est d’autant plus souhaitable et importante qu’il n’y a pas forcément d’incompatibilité de principe entre EMR et activités de pêche professionnelle. Pour les pêcheurs, ce peut être l’opportunité d’acquérir des connaissances scientifiques sur le milieu et les espèces halieutiques dans une zone donnée, obtenir un appui à la mise en place de projets de pêche ou d’aquaculture durable via notamment les fonds de la taxe éolienne, etc. Pour les développeurs, la collaboration des pêcheurs professionnels s’avère également très précieuse : ils détiennent une parfaite connaissance des fonds marins et ont l’habitude de travailler dans des conditions de mer difficiles. Leur expertise peut être recherchée pour optimiser l’ancrage des installations et leurs moyens nautiques mis à disposition.

D’autre part, les Comités des pêches développent également des coopérations avec le Réseau de transport de l’électricité (RTE) dans le cadre du raccordement des parcs d’EMR au réseau. Un partenariat national entre le CNPMEM et RTE a notamment été instauré en 2013 et a permis par exemple l’établissement fin 2017 d’un guide de bonnes pratiques de collaboration entre pêcheurs et câbliers.

 

Une implication à tous les niveaux pour promouvoir les intérêts des pêcheurs

Au niveau local, les Comités régionaux et départementaux des pêches concernés sont en lien direct avec les porteurs de projet et RTE, et participent activement à leur élaboration, notamment par la fourniture de données sur les activités de leurs adhérents. Cette implication est un gage, pour les pêcheurs professionnels, que leurs intérêts puissent être préservés au maximum.

Le CNPMEM quant à lui, assure une veille réglementaire et entretien un dialogue continu avec les pouvoirs publics et les représentants des professionnels de l’énergie, pour que les intérêts de la pêche professionnelle soient bien pris en compte dans les politiques de développement.

 

Pour en savoir plus :

Mis à jour le 21 Fév 2024 Signaler une erreur